Laisser une graine.
Laisser qu’elle pousse.
Un jour je me suis demandé que faut-il faire ?
Que faut-il réfléchir ?
Et n’ayant pas la réponse, j’ai commencé à demander à mes amis, les plus proches, les plus distants.
Et j’ai planté un arbre pendant ce temps.
Pendant les réponses.
Si je n’ai pas une réponse alors, ça veut dire que j’ai une question.
Pour moi c’est comme :
Un accident de voiture.
Un jour on a pris la voiture.
Un accident s’est produit.
Et après la peur, la surprise il fallait la reprendre.
On a eu peur.
Mais on l’a fait quand même.
On a touché le volant, et on a mis les clés.
On a rallumé la voiture.
Et on sortie dans les rues.
On a surpassé cette peur, cette protection remplie de mélanges chimiques dans notre corps.
Et aujourd’hui écrire, faire, parler, lever la voix, être entendu, être écouté c’est comme la reprise d’une voiture après l’accident.
Un jour le monde s’est arrêté.
Un jour quelque chose nous est arrivé à tous en même temps.
Nous sommes concernés quand quelque chose nous arrive ou arrive à nos proches.
Dédier cet écrit alors à toutes les histories perdues et oubliées.
Il ne faut pas oublier, il faut prendre les sensations dans les mains et faire quelque chose avec.
Car le risque est d’oublier demain ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui.
Comme tout ce qui nous arrive.
Quand quelque chose nous fait mal, on essaye de vite oublier.
C’est vrai que pour pouvoir créer ils nous faut de la distance, sinon l’espace de l’art se désactive.
Les endroits sacrés confiés au théâtre n’ont pas lieu aujourd’hui.
La réalité a pris sa place et nous oblige à la regarder en face.
Face à face.
La fiction, les histoires en dehors de ce que l’on vit risquent son existence.
Se retrouver dans une salle, dans une maison, dans un espace où tout le monde partagent un pacte de fiction, n’est plus possible dans ces jours que l’on vit.
La distance nécessaire pour créer se trouve dans la nostalgie.
La nostalgie est la présence d’un passé … et aujourd’hui c’est l’espoir de la création.
Revenir à ou l’on était, à nos idées de base, au noyau de notre respiration, à nos rêves.
Des personnes qui ont fait quelque chose, quelque chose qu’ils avaient envie depuis toujours mais ils n’avaient jamais oser.
La distance entre la réalité et la fiction nous a permis de créer les plus belles histoires, les plus beaux poèmes, différentes façons de regarder le monde, c’est ça la “distance” et aujourd’hui cette distance entre réalité et fiction, ou poétisation de la vie devient difficile à être repérer.
Il nous faudra alors reprendre la voiture.
Mais il faudra la reprendre différemment.
Quelque chose doit changer c’est clair.
Mais quoi ? Réfléchissons ensemble, dans un mot, dans une vidéo, ou juste une idée qui va s’installer dans notre esprit, qui va être nourrit pendant le confinement pour après, à l’heure de la sortie, la graine instalé dans nos esprits, reçoit le même soleil, le même vent, les mêmes choses mais avec un nouvel esprit.
Et soudain le monde a commencé à s’ouvrir.
Et nous avons réalisé que beaucoup de choses se passent en même temps.
Et les gens ont commencé à partager ce qu’ils savent faire et ce qu’ils ne savaient pas qu’ils savaient faire.
Les gens ont oubliés leurs agendas.
Ils ont laissé le stress dans le placard à côté des chaussettes et des caleçons.
Nous ne sommes pas déconnectés.
Nous sommes en vie et notre nécessité d’exister se déplace vers d’autres endroits.
Les déplacements d’idées, la rénovation de concepts et de nouvelles définitions arrivent.
Aujourd’hui depuis la pause, depuis cette prise de conscience … que tout le monde vit la même chose que moi, pour la première fois.
Même si c’est romantique d’imaginer que l’air que je respire est le même, pour moi et pour les autres.
Que les étoiles nous partagent les histoires de ceux qui les regardent.
Que chaque pas que je fais, fait bouger la terre.
C’est pour cela, parce-qu’il nous faut faire quelque chose pour continuer à faire bouger le monde.
Qu’il bouge mais dans le sens que l’on veut.
Aujourd’hui on parle.
On résiste.
Et on imagine.
Pour ne pas oublier, on écrit, on parle, on s’enregistre.
Pour moi c’est comme un accident de voiture, pour d’autre un accident de vélo, peu importe, la douleur est la même.
Luis Alberto Rodríguez
Ustaritz 2020